... comment parvenez-vous à dissimuler vos verrues au jardin ?

(Sujet demandé par Laure)

 

Celui qui n'a pas de verrues au jardin, c'est qu'il a eu la chance de faire construire du neuf, en isolé et bien loin de toute vue indésirable.

Ici, dans mon Little Bit of Paradise, j'ai la chance d'avoir une belle vue à l'arrière et ça n'a pas de prix. Par contre, même si j'ai une 4 façades, je suis quand même très proche

de mes deux voisins.

 

 

D'un côté, c'est une ancienne maison qui a été restaurée et de notre côté, le mur n'est pas particulièrement beau. On aurait pu le peindre en blanc comme nos murs mais,

une fois qu'on commence, si comme moi, on veut que le blanc reste blanc, on est bons à s'y coller chaque année.

Le long de notre "parking", ce n'est pas grave mais en bordure de piscine, ça méritait de réfléchir à un projet plus abouti et en harmonie surtout avec le reste.

Si vous avez lu mon dernier livre (Un petit coin de paradis), vous avez pu admirer la belle transformation réalisée par Bruno avec cette porte de récupération.

 

     

 

Avec les problèmes d'eau, beaucoup d'entre vous ont probablement investi dans des cuves à eau, style cubi géant. Mais que c'est moche... !

Ici, il y a longtemps, on a décidé de la recouvrir de lierre.

 

 

Une belle brique, c'est joli mais des blocs valises, c'est très moche. Quand on a décidé d'enlever le lierre qui poussait sur ce mur car trop envahissant dans le massif, il a fallu

trouver une solution. Bruno avait une formation de menuisier à la base et souvent, donc, il utilise le bois sous toutes ses formes.

 

     

 

 

Les gouttières... Je n'ai pas les moyens de m'en offrir de belles en cuivre alors, tous les moyens sont bons pour dissimuler ces affreux machins en plastique.

 

        

                                                           Un rosier (Rosa 'Boule de Neige')                                           Une ipomée (Ipomoea 'Candy Pink')

 

Venez nous décrire vos verrues au jardin et nous donner les idées que vous avez trouvées pour les cacher ou au moins les atténuer.

 

 

 

 

 

... quelle importance ont pour vous les avis des influenceurs de la TV ?

 

Suite à l'excellente critique de mon livre "Un petit coin de paradis" par Stéphane Marie dans Silence ça pousse, de nombreux amis m'ont interpelée au cas où je l'aurais

zappé. Beaucoup étaient contents pour moi, conscients de l'importance que ça peut représenter en termes de nouvelles ventes. Pour d'autres, on aurait dit que j'avais acquis

un statut de "star du livre de jardinage" comme si mon livre en devenait du coup plus intéressant ! Dingue, non ?

 

© Julien KNAUB / FTV

 

Je suis certes très reconnaissante envers Stéphane Marie d'avoir aimé et partagé son avis avec autant d'enthousiasme. Certes, lui, c'est un gentil. Il est toujours très positif

et ne va jamais "saquer" un ouvrage dans lequel un auteur y aura mis tout son coeur et sa passion (si si certains le font comme le monsieur très connu qui a sa propre

chaîne Youtube et qui pour certains livres, se permet, avec une moue explicite, "les photos sont pas terribles" !).

Je lis souvent des jardiniers "ah, c'est Luc qui l'a dit", "ah, Francis fait comme ça"... Pendant des années, en Belgique, personne ne ratait le rendez-vous du dimanche en

début d'après-midi, nickel pour somnoler juste après le repas dominical ou l'apéro, c'est selon. Mais, même après que l'émission ait été annulée (pour l'instant, on nous

propose des rediffusions), l'influence et la notoriété de ces deux-là reste assez conséquente et parfois, j'entrevois même une idôlatrie de style gourou (comme Monty l'est

pour moi, j'avoue).

 

        

                                                                   Photo du site https://floralien.be/                                                      Photo rtbf.be

 

 

Ma question du jour : quand on passe à la tv, on gagne en crédibilité ?

 

 

 

 

... avez-vous pris des décisions par rapport à votre consommation d'eau pour les prochains mois ?

Faites-nous profiter de vos idées, trouvailles pour économiser l'eau et malgré tout ne pas laisser mourir les plantes.

A moins que vous n'ayez déjà revu tout votre jardin et décidé d'en abandonner au profit d'autres ?

 

 

Ici, dans le Nord et en Belgique, on ne réalise pas encore car on a eu un automne et un hiver qui nous ont permis de refaire nos nappes phréatiques et aussi parce que le

début de printemps est très pluvieux mais quand je regarde la télé française ou même ce qui se passe du côté de Valence en Espagne en ce moment, on va cet été vers des

moments très difficiles pour certains. Certains villages du Sud ont même déjà dû se faire ravitailler par camions citernes à lire ici) !

 

Un camion-citerne d'eau à son arrivée à Oreilla en février 2023 (Pyrénées-Orientales). - Eric Rodriguez (BFMTV)

 

Dans ces conditions, le jardinage devient bien compliqué. Mercredi, notre amie Capucine, alias Arlette évoquait sur FB des températures de ... 29° dans le sud-ouest !

Et ici, tout le monde se plaint déjà de ce début de printemps pourri. Pas moi. Honnêtement, je suis ravie d'avoir retrouvé notre climat bien belge et je vois toute l'eau qui

tombe comme une bénédiction. 

J'ai encore en tête le printemps-été de l'an passé en tête. Certes, c'était bien agréable de pouvoir jardiner en t-shirt à cette époque là (pour l'instant, ma cagoule et ma

doudoune ne m'ont pas encore quittée !) mais quelle tristesse que de voir toutes les plantes en souffrance (heureusement pas longtemps car j'ai encore la possibilité

d'arroser, on n'a pas eu droit aux restrictions) et surtout quelle corvée que de devoir arroser tous les deux jours ! Un temps précieux que j'aurais préféré consacrer à quelque

chose de plus créatif.

 

Beaucoup de pépiniéristes ont suivi la tendance proposant des plantes adaptées à la sécheresse.

 

Sélection de plantes résistantes à la sécheresse en sol argileux ,humide , et froid du Nord de la France par Thierry Delabroye.

PS : je confirme pour Verbena 'Bampton' que je reconnais sur la photo

 

 

Même Promesse de Fleurs s'y est mis dans son beau catalogue.

 

 

 

Comme ce n'était pas si catastrophique que chez d'autres ici, je n'ai pas revu mes plantations. Et dans un sens tant mieux (enfin... l'avenir nous le dira) car il est difficile de

concilier plantes résistantes à la sécheresse avec la rusticité et surtout l'humidité hivernale. 

 

Je compte sur vos avis, vos expériences pour nous aider à tenter de trouver des solutions afin de pouvoir continuer à assouvir notre passion commune.

 

 

 

... "L'habit ne fait pas le moine".

Etes-vous sensible au design d'un site, à l'étiquetage d'une plante... ?

Au point d'en être aveuglé et d'en oublier que l'important, c'est ce que vous aurez au final ?

 

Une des techniques de marketing est de créer un environnement, une ambiance propice à vous faire acheter.

Pour les roses, on se concentre souvent sur du romantisme à excès et tout est bon pour vous faire croire qu'en achetant un rosier au coup de coeur,

vous reproduira la même scène dans votre jardin et tout est bon pour vous convaincre.

Le moindre détail compte : angelots, fontaine, mobilier dans un coloris tendre (de préférence violine ou vert olive), petits objets disposés ci et là

comme un arrosoir pas pratique du tout mais très girly.

 

Credit photo : Cindy Elis Art

 

 

Les compagnes aussi ont leur importance dans cette stratégie :

on va placer une clématite hyper forcée à côté du rosier et vous repartirez ainsi avec les deux (peu importe si elle coûte trois fois le prix).

On y organise des événements où les acheteurs sont même invités à se mettre en scène en portant un chapeau !

Tout est bon pour vendre car c'est de ça qu'il s'agit, de vendeurs. Ne les qualifiez surtout pas de rosiéristes !

Pour moi, un rosiériste, c'est celui qui s'essaie lui-même à l'hybridation, celui qui est vraiment passionné par la culture des roses.

 

David Austin Roses (pas le chapeau le plus romantique, je vous l'accorde)

 

Ca, c'est pour le monde des roses mais pour les autres plantes, les graines, les bulbes, c'est la même chose.

L'habillage très tendance est celui qui fut initié il y a quelques années par des sites comme Floret. Un côté épuré sur fond blanc avec quelques photos

bien choisies qui invitent à la rêverie.

Erin Benzakein est une redoutable businesswoman pour qui j'ai énormément d'admiration car son marketing très efficace s'appuie sur beaucoup de travail, beaucoup

d'intelligence. Elle partage beaucoup et donne de nombreux conseils surtout via Instagram et maintenant aussi par mails via une newsletter hyper intéressante.

 

 

Et donc, beaucoup se sont mis à l'envier et à imiter son style. J'ai récemment vu un site de graines très propre, très axé sur le design du packaging (des dessins plutôt que

des photos) mais si tu creuses un peu, tu te rends compte que tout ça, c'est du vent ! Pour moi, ce qui compte, c'est la qualité des graines !!!

Il y a peu, j'ai commandé en catastrophe des cobées violettes qui n'avaient pas levé (trop vieilles), sur le site très "statique" de Silène : eh bien, 10 jours après, elles étaient

déjà magnifiques et presque prêtes à être repiquées ! Et tous les jardiniers qui ont déjà tenté le semis de cobées vous le diront, c'est pas toujours gagné.

 

 

 

J'ai aussi vu un site dans le même style, de cours d'art floral dans le genre de ce qu'on voit sur Instagram.  A des prix exorbitants !!! Mais le site était fabuleux !

Donc pour moi, parfois j'ai envie de tirer mon chapeau à toutes ces techniques, toute cette recherche pour créer quelque chose de beau mais pas quand c'est creux derrière.

Avec une amie, on rigole quand on voit ce genre de site car très souvent, il y a une jeune femme habillée avec une robe à fleurs ou une chemise à carreaux, manche

retroussées et surtout, il ne faut pas oublier le chapeau... Un peu écolo bobo comme on dit ici.

 

Parfois, l'habit qui ne fait pas le moine s'applique aussi tout simplement à des vivaces dans des pots un peu plus grands en jardineries (mais attention, vérifiez quand même

l'enracinement) avec de très belles étiquettes. Ah, l'étiquette.... comme c'est important ! Et pour ce beau "packaging", le client est prêt à payer trois fois le prix ! Je me

souviens que tout un temps c'était édifiant chez Floralux où tu avais tout un rayon "pour les jardiniers du dimanche", les gogos qui n'y connaissent rien et un peu plus loin, les

mêmes plantes en godets de 9 cm, bien enracinées avec juste le nom sur une languette pour beaucoup moins cher.

 

 Credit photo : jardinerie Carté

 

 

Je remercie tous les sites et tous les vrais pépiniéristes qui se démarquent de cette tendance en se focalisant sur le plus important : le végétal.

 

 

 

... quelles plantes conseilleriez-vous à Sibylle pour planter à l'ombre ?

Nathalie aimerait aussi que l'on précise "ombre sèche" ou "humide".

 

Au jardin et encore moins à la Roseraie, j'ai peu d'ombre. je ne vais donc vous conseiller que quelques plantes en fonction de mon expérience personnelle et 

je vous laisserais le soin d'apporter toutes sortes de suggestions à nos deux amies en commentaire.

Au jardin, il y a bien le "coin de Bruno". C'est celui que vous avez peut-être découvert dans mon dernier livre. Bruno aime les fougères, ça lui va donc bien.

Certaines sont en terre d'autres en pots. Si canicule il y a, il faut malgré tout penser à les arroser tous les jours.

 

         

 

L'Ophiopogon planiscapus 'Nigrescens' ne fleurira peut-être pas à l'ombre mais comme c'est insignifiant, pas de problème. On le cultive surtout pour son feuillage.

 

 

En fond de terrasse, 3 hydrangeas sont exposés au nord et fleurissent très bien.

 

 Hydrangea paniculata 'Limelight'

 

 

 Hydrangea quercifolia 'Snowflake'

 

 

        

 Hydrangea villosa 'The Ditch'

 

 

Des rosiers pour l'ombre, ça existe ? Pas vraiment car pour qu'ils donnent le meilleur d'eux-mêmes, il leur faut un minimum de 5 heures d'ensoleillement par jour.

Cependant, les rosiers non-remontants, tellement impatients de tout donner sur trois semaines, fleuriront quand même de manière satisfaisante (mais pas luxuriante comme s'ils étaient en plein soleil).

 

        

 Cardinal de Richelieu

 

 

Une ombellifère géante pour l'ombre avec un feuillage extraordinaire ! C'est le Dystaenia takesimana.

 

       

 

Pour des fleurs parfumées, il y a les Hesperis matronalis. Bisannuelles ou vivaces de courte durée de vie, de toute façon, elles se ressèment très souvent une fois installées.

 

        

 

A la Roseraie, dans le coin zen, aussi des hydrangeas mais cela n'empêche pas qu'il faut les arroser en cas de forte sécheresse.

 

          

                    Hydrangea macrophylla 'Punch Coco'                           Hydrangea quercifolia 'Ice Crystal'                         Hydrangea macrophylla 'Mme Emile Mouillère'

 

 

Certains géraniums acceptent bien l'ombre. Ils fleuriront certes moins que s'ils étaient en plein soleil mais sont appréciables de par leur beau feuillage.

 

          

                                                               Geranium macrorhizum 'White Ness'                                            Geranium 'Katherine Adele'

 

 

Enfin, pour l'ombre sèche - et se trouver à côté d'un saule têtard qui pompe toute l'eau, on sait ce que ça veut dire - je conseillerais un tapis de Claytonia sibirica.

 

 

Très tôt au printemps, les feuilles apparaissent puis en avril, c'est rempli de petites fleurs rose pâle. S'il fait très sec l'été, la plante peut donner l'impression de disparaître mais vous la reverrez vite aux premières grosses pluies.

L'an passé, je lui avais associé des Impatiens balfourii, très jolie petite annuelle, en fleurs très longtemps. il paraît qu'elle se ressème toute seule. Je vous le confirmerai cet été.

 

Credit photo :  francini-mycologie

 

 

Sinon, il y a toujours Arum italicum mais attention : ils peuvent s'avérer assez envahissants à moins que vous ne preniez soin de tailler la fructification à son début.

 

 

Credit photo : Gardeners World